Propriétés de Vouvray

PATRIMOINE LOCAL EN PÉRIL

Lorsque je me promène à pied dans notre commune de Vouvray, deux choses me surprennent, voire me font hérisser le poil : le peu de cas qui est fait du patrimoine bâti et du patrimoine végétal par nos concitoyens. Je suis sidérée par le nombre de maisons vides, ou même apparemment abandonnées qui émaillent notre territoire : quel est l'intérêt, pour les propriétaires, de laisser un patrimoine, une maison qui a autrefois connu la vie, été habitée, sans doute aimée, dépérir de la sorte ?

Car c'est un patrimoine en perdition, assurément. Plutôt que de construire des maisons dans des terrains toujours plus petits, dans des espaces confinés ne permettant aucune vie privée (et qui génèrent des fêtes nocturnes à tout-va en plein été, sans aucun respect du voisinage), dans un désordre urbanistique et architectural évident, qui nuit au charme de la commune, pourquoi ne pas vendre et restaurer ces maisons qui ne demandent qu'à revivre et à être entretenues ?

Et que dire de ces jardins de maisons, en plein coeur de notre commune, qui sont divisés en deux, voire trois parcelles, par appât du gain, comme d'habitude, et qui sont donc totalement détruits (coupe des arbres, disparition de la faune et de la flore) pour se voir être remplacés par du béton, des parpaings, et des maisons sans aucune harmonie avec le lieu, la plupart du temps ?

Un arbre met des années à croître, il nous fait bénéficier de son ombre, ses feuilles absorbent le gaz carbonique et rejettent de l'oxygène par le biais de la photosynthèse et l'homme, dans sa totale cupidité, dans sa bêtise, le scie et met fin à sa vie en quelques minutes. Un peu d'humilité, un peu plus d'intelligence, un peu plus de considération de la nature qui nous entoure pour faire avec et non pas contre.

L'ancien fief seigneurial, Le Bouchet, photo prise le 25 décembre 2019

Je me promenais hier sur les hauteurs de Vouvray et mes pas me guidèrent vers Le Bouchet, ancien fief seigneurial, presque totalement en ruine, qui eut son importance dans l'histoire de la commune.


Voici ce qu'écrivait Auguste Chauvigné sur le Bouchet dans sa Monographie de la commune de Vouvray et de son vignoble, en 1909...

"Dès les premiers temps de la féodalité, nous voyons à Vouvray le régime s'organiser, les fiefs se former : au VIIIe siècle le territoire, représentant environ la commune actuelle, appartenait à la collégiale de Saint-Martin, ainsi que nous l'ont appris les titres de confirmation cités plus haut. Il était lui-même divisé en trois fiefs : la Cour de Vouvray, le Bouchet, les Dîmes de Vouvray, qui peuvent être considérés comme le point de départ d'une organisation locale et qu'il nous faut connaître dans leur histoire.

La Cour de Vouvray et le Bouchet. - Ces deux fiefs, qui furent d'abord distincts pendant une période indécise dont les documents nous échappent, furent, dès le XVe siècle, réunis en une châtellenie dont nous rencontrons une longue suite de seigneurs relevant du roi, à cause du château de Tours. Dans les hommages rendus depuis 1479 jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, nous voyons ces fiefs désignés sous le nom de Cour de Vouvray (1479), la Cour-le-Bouchet au XVIIe siècle, Fief de la Cour et du Bouchet en 1778 (Rôle des fiefs de Touraine, Bibliothèque de Tours, manuscrit 1420; Familles et Paroisses de Touraine, fonds Salmon)."


Et voici la description du Bouchet dans le Dictionnaire géographique, historique et biographique d'Indre-et-Loire et de l'ancienne province de Touraine, de , J.-X. Carré de Busserolle (Membre de la Société Archéologique de Touraine et de la Société des gens de lettres), publié en 1878 par la Société Archéologique de Touraine.

"Bouchet (le), commune de Vouvray, près du bourg. - Cour de Vouvray, 1479. - La Cour-le-Bouchet, ou Cour de Vouvray, XVIIIe siècle. - Fief de la Cour et du Bouchet, 1778. - Ancienne châtellenie, relevant du roi à cause du château de Tours. Pierre Berruyer, vivant en 1400, est le premier seigneur connu. Après lui, on trouve : Jacques Brette, qui rendit hommage le 16 mars 1479. - Pierre Brette, 1514. - Louis Le Loup, Éc., 1520. - Henri Le Loup, Éc., 1547. - Claude et François de Luez, Éc., qui rendirent hommage le 6 juillet 1576. - Jacques Ratault, bourgeois de Tours, 1639. - Louis de Bordeaux, Éc., 1657. - François Forcadel, Éc., 1673. - Pierre de Vasbres, 1692. - Louis Bernin de Valentinay, marquis d'Ussé, mort en 1739. - Louis-Sébastien Bernin de Valentinay, marquis d'Ussé, décédé en 1772. - Henriette-Madeleine Bernin de Valentinay, marquise d'Ussé, décédée le 19 octobre 1778. Par acte du 22 décembre 1780, ses héritiers vendirent la châtellenie à Claude-Pierre Le Febvre, chevalier, seigneur de la Falluère et de Jallanges, qui rendit aveu au château de Tours le 22 mai 1786.

À la fin du XVIIIe siècle, l'habitation seigneuriale avait presque entièrement disparu. Il ne restait qu'un petit bâtiment divisé en deux chambres, l'une où l'on faisait l'école, l'autre servant d'auditoire pour le bailli chargé de rendre la justice."


Aujourd'hui, hormis une grange fermée à clef et surveillée par une caméra, tous les bâtiments sont dans un état lamentable et il y a même un puits, qui semble profond, et qui est à nu : n'importe quelle personne, quel enfant ou n'importe quel animal peut y tomber sans pouvoir en ressortir... Cet endroit est une pure catastrophe.

 

Photos prises le 25 décembre 2019 - Sur la photo de droite, l'ouverture du puits... non recouvert.

Triste constat de cette fin d'année 2019... Il y a pourtant tant à faire, en intelligence avec la nature, dans le respect des lieux, et pour le bien du plus grand nombre.

 

 

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