LE JARDIN DE LA ROCHE FLEURIE EN 1906
Le 3 juin 2017, j'ai donné une conférence sur deux jardins de Vouvray : le jardin de La Roche Fleurie, en 1906, lorsque M. et Mme Emile Delahaye étaient propriétaires, et le jardin de La Bonne Dame, en 1928, avant qu'il ne devienne place Vavasseur, au coeur de notre commune.
Voici une description très précise de ce qu'était autrefois le merveilleux jardin de La Roche Fleurie et pour ceux qui ne le situeraient pas correctement, la photographie ci-dessous devrait vous permettre d'en comprendre l'emplacement.
Reconnaissez-vous ce portail, qui borde la route Départementale D952 et qui se trouve sur le côté droit de la chaussée en direction de Tours ? Eh bien c'était l'entrée du premier jardin de La Roche Fleurie, dont la demeure est située au n°11 de la rue du Petit Coteau à Vouvray.
Emile Delahaye s'installe à La Roche Fleurie en 1901 et, le 22 août 1906, quelques mois après son décès en 1905, son épouse Olympe accueille une délégation de la Société tourangelle d'Horticulture, guidée par le jardinier chef de La Roche Fleurie, M. Abel Marcadet. C'est le compte-rendu, extrêmement détaillé, de cette visite qui nous permet aujourd'hui de comprendre comment les jardins de cette propriété étaient organisés au début du XXe siècle.
"La propriété de Madame Delahaye est divisée en deux parties : la première, qui borde la route Nationale, où notre collègue nous attendait au passage du tramway, est composée d'une petite partie d'agrément, précédant le jardin potager. C'est par là que nous avons commencé la visite."
En effet, l'arrêt du tramway, ralliant Tours à Vouvray, était tout proche et c'est par le franchissement de ce portail que la délégation de la Société tourangelle d'Horticulture débute la visite. Faisant dos au portail, une allée traverse la partie d'agrément et conduit au potager.
Une première partie d'agrément :
En bordure de l'allée, il y a quelques pommiers et poiriers de plein vent, avec des variétés telles que 'Fondante de Charneux', 'Beurré Gris', 'Catillac', 'Duchesse', et des pommiers 'Reinette Grise', 'Calville Blanc', 'Reinette d'Angleterre', etc. Quelques conifères garnissent les pelouses : épicea, cyprès de Nootka, cèdre de l’Himalaya...
Le jardin potager :
Le jardin potager est abondamment garni de légumes de saison, on y voit aussi des poiriers en pyramides et des pommiers en cordons le long du mur de clôture. Face au midi, on y trouve de belles vignes bien garnies de raisins. Le jardin potager est partagé dans le sens de la longueur par une allée dont les plates-bandes de chaque côté, sont plantées d’une nombreuse collection de dahlias cactus avec un mélange de fleurs diverses telles que glaïeuls, pétunias, pélargoniums, sauges, œillets d’Inde, etc.
Le vivier :
Continuant notre visite, notre collègue nous fait voir le vivier, sorte de réservoir alimenté par filtration des eaux de la Loire ; c’est là que M. Marcadet, en plus de ses travaux de jardinage, s’occupe d’un moteur qui monte l’eau à plus de quarante mètres d’élévation dans un réservoir pratiqué dans le rocher d’une contenance de 30 mètres cubes environ qui est quotidiennement employé, c’est dire que la propriété est abondamment pourvue d’eau.
Le second jardin d'agrément, autour de la demeure :
La partie d’agrément est séparée du jardin potager par un chemin communal (aujourd'hui la rue du Petit Coteau) ; en rentrant dans la Villa le coup d’œil est des plus agréables tant par la fraîcheur des fleurs et des pelouses que par la composition des corbeilles, auxquelles la régularité du travail et la bonne tenue ne laissent rien à désirer, le jardin est de style paysager. En face l’entrée, deux grandes corbeilles ovales se composent de Begonia gracilis rose, Begonia versaillensis blanc avec une bordure de Gnaphalium lanatum. Tout près de la maison d’habitation un long massif d’arbustes, masquant les cuisines, est composé de fusains verts et panachés, houx, troènes, mahonias et, en avant, six rangs de plantes ornementales avec des bégonias.
La terrasse à l'est de la maison :
Continuant notre visite, nous arrivons sur une première terrasse située à l’est de la maison d’habitation ; à droite une charmille de tilleuls, face à gauche un mur garni de plantes grimpantes : bignones, aubépines, vigne vierge. Sur cette terrasse il y a une partie française formée de deux longues plates-bandes coupées de place en place par le gazon. Au centre des plates-bandes des rosiers tiges et, comme combinaison, des pétunias, sauges, verveines, plumbagos, pélargoniums, avec des bordures variées. Tout ce mélange de fleurs variées est bien fleuri et fait un effet ravissant.
Le point culminant de la propriété :
Nous gravissons un escalier qui nous conduit à un premier point de vue : en face la vallée de la Loire et sur la droite de la ville de Tours. En continuant notre ascension nous arrivons au point culminant de la propriété : la Commission a pu examiner l’immense panorama qui se déroule devant les yeux, la vue s’étend jusqu’à la forêt d’Amboise, d’où la silhouette de la pagode de Chanteloup se dresse au-dessus des bois. Nous redescendons par une petite allée très rapide, où nous trouvons une abondante profusion de lilas qui, au moment de la floraison printanière et des premiers rayons du soleil, doivent répandre un parfum très agréable : les bordures des allées sous bois sont en pervenches et Sedum ; ce dernier, excessivement rustique, résiste bien à la sécheresse.
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