ODILE MIRAULT (1931-2016) : UNE FEMME PETILLANTE
Figure historique du bourg, Madame Odile Mirault a été inhumée au cimetière de Vouvray à l'âge de 85 ans samedi dernier, 28 mai 2016.
Madame Odile Mirault (1931-2016)
Madame Mirault a travaillé pour Charles Vavasseur, ancien maire et artisan de l'AOC de Vouvray (dont on célèbre les 80 ans cette année), et a marqué aussi bien le commerce local que le monde des associations. Impliquée notamment au sein de la confrérie des Goûteux de Bernache et de l'office de tourisme, elle incarnait à sa façon l'âme de Vouvray. C'était une femme pétillante, sociale et souriante.
Pour lui rendre hommage, nous avons choisi ce portrait qui avait été publié par le journal municipal d'information Vivons Vouvray en juillet 2015, et que la Mairie de Vouvray a bien voulu nous autoriser à reproduire, par le biais de Madame Laurence Boscherie. Qu'elle en soit ici remerciée, tout comme Madame Annie Joliveau, fille de Madame Mirault.
RENCONTRE AVEC UNE VOUVRILLONNE DE SOUCHE…
Le 3 juin dernier, nous avons rencontré Mme Mirault, une figure emblématique et bien connue de tous les Vouvrillons… Elle est née en 1931, au 10 rue du Commerce, dans le café ouvert par ses parents en 1929. A cette époque, cette rue portait bien son nom car de multiples commerces s’y trouvaient : cordonnier, coiffeur, sabotier, herboriste, marchand de charbon, peintre, tailleur, chapelière… Mme Mirault passe beaucoup de temps chez sa grand-mère qui habitait un peu plus loin rue Victor Hérault. Au moment de la 1ère guerre mondiale, elle tenait le « Café de la place » situé à la place du « Bouchon ». Elle fait toute sa scolarité à Vouvray puis, à cause des bombardements, passe son certificat d’études à Vernou.
Elle était très jeune mais elle se souvient bien de cette période et de la présence des Allemands qui occupaient le château de Moncontour. Elle se souvient également des réfugiés de Lorient et de l’est de la France. Dès que les sirènes hurlaient pour annoncer un bombardement, tout le monde allait se cacher dans les caves. Elle se rappelle que des trésors nationaux y avaient été cachés. Enfin, la fin de la guerre arrive. La vie était encore difficile car on ne pouvait rien acheter sans les tickets distribués par la mairie. Elle entre au collège à Tours et, tous les lundis, elle part en vélo. Elle ne rentre à Vouvray qu’en fin de semaine.
A la fin de sa scolarité, elle commence à travailler aux caves Vavasseur où elle rencontre son futur mari. Elle y occupe un poste d’employée de bureau. Le week-end, elle aide ses parents au café.
Le 1er juin 1953, elle se marie…à Vouvray, bien sûr ! Un mois plus tard, ils ouvrent le magasin que tout le monde connaît « La maison Mirault ». C’est une épicerie où ils vendent des fruits et légumes, du vin de la Touraine et des souvenirs. A l’étage, Mme Mirault loue quelques chambres meublées. « …A cette époque, il y avait beaucoup de monde… Le camping était déjà ouvert… Beaucoup de gens venaient en vacances à Vouvray… Ils venaient en train et un transporteur apportait le matériel de camping de Paris… Les gens restaient 3 semaines à un mois…Certains venaient en camp, des mines du Pas de Calais.» M. Leray, propriétaire du camping proposait des visites de caves. Comme il n’y avait pas encore de supermarché à Vouvray, elle propose également des plats cuisinés (poulets cuits, tomates farcies…). L’été il y avait beaucoup de travail. Le dimanche soir, dès que les gens arrivaient, ils se précipitaient dans sa boutique pour acheter du sel, poivre, vin, charcuterie… Son mari allait aux Halles tous les matins pour rapporter des légumes frais…
Au même moment, ils ouvrent un commerce de négociant en vin au 30 rue de la Bonne Dame. Ils y offrent la possibilité de champagnisation.
Mais un jour, c’est le drame, son mari décède brutalement à 43 ans. Mme Mirault se retrouve seule avec deux adolescents de 14 et 16 ans. Elle ne peut se permettre de se laisser aller à son chagrin. Elle reprend donc immédiatement les affaires en main. « Heureusement, mes enfants m’ont bien assistée pendant cette période… ». Pour commencer elle passe son permis de conduire qui est indispensable pour les approvisionnements. Pour le commerce de la rue de la Bonne Dame, elle n’a aucune difficulté pour prendre la suite de son mari car c’est un domaine qu’elle connaît bien. Son grand-père paternel était viticulteur, négociant et courtier en vin. Il a d’ailleurs été maire adjoint pendant la seconde guerre mondiale….
Les années passent, un supermarché ouvre à Vouvray puis, un marché s’installe. Elle stoppe rapidement l’épicerie et la vente de fruits et légumes. Elle conserve la partie vente de vin de Touraine, de souvenirs et de cadeaux qu’elle poursuivra jusqu’à sa retraite. « …A ce moment-là, des bus entiers de touristes s’arrêtaient place Saint Vincent, juste devant la boutique. Ils avaient tous envie d’acheter du vin ou des souvenirs… ».
Quelques anecdotes reviennent encore à Mme Mirault «Je me souviens aussi du 1er mai… les gens venaient en vélo à Vouvray pour boire le lait de mai (Vouvray)… Ensuite, ils allaient danser au pont de Cisse. ».
Comme elle souhaite faire partie de la vie du village , elle s’implique dans le monde associatif (office de tourisme, Goûteux de Bernache…). Aujourd’hui, ses enfants ont pris le relais : son fils a repris la cave et la boutique, sa fille a créé ses deux boutiques (La caverne d’Annie Baba et La maison d’Annie). « …C’est un beau métier pour qui aime le contact. Il est prenant mais très enrichissant… ».
Mme Mirault a 84 ans, 6 petits enfants et 2 arrières petits enfants. Elle a toujours « bon pied, bon œil » et fait encore partie du conseil d’administration de l’office de tourisme.
Sa grand-mère est décédée à 102 ans. Nous sommes donc sûrs de continuer à croiser, pendant les deux décennies à venir, cette femme pétillante et toujours souriante qui est une des mémoires vivantes de Vouvray…
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